Sur ta rue

Ça s’est passé chez Perrette

Que s’est-il passé en terme de faits divers de toutes sortes au dépanneur Perrette?

La Patrie, 28 octobre 1973, BAnQ

D’abord, un petit peu d’histoire. Perrette fut fondé en 1958 par Robert Bazos alors que l’entreprise était une laiterie. Ambitieux et frondeur, Bazos fera de cette marque un empire auto-suffisant. En partant d’une pinte de lait, Perrette commercialise ensuite à son étiquette des oeufs, du beurre, du café, des bas de nylon… L’entreprise a même eu son propre Perrette «realties», s’offrant ainsi le choix immobilier pour loger ses dépanneurs.

Robert Bazos s’est livré à de nombreuses batailles, tant au niveau des lois que pour un certain avant-gardisme devant des changements qui allaient heurter certains citoyens. En effet, il s’est battu durant des années pour maintenir ses pintes de lait à un prix minimum, allant jusqu’à reçevoir d’onéreuses amendes. C’est aussi le lait de chez Perrette qui allait être le premier à oser l’ajout de vitamine D, alors que les médecins ne s’entendaient pas tous sur la question. Bazos dira que s’il le faut pour nos enfants, nous le ferons. Aujourd’hui, l’ajout de vitamine D dans le lait commercial est prescrit par la loi.

Dans les années 70, l’empire du Perrette fait aussi l’objet de rumeurs. Comme la compagnie prend une enviable ascension et que les dirigeants semblent de nature discrète, on spécule qu’il y a sûrement anguille sous roche. On va même jusqu’à penser que la filiale est gérée par un puissant empire new-yorkais. Bien entendu, tout cela est faux. Cependant, l’organigramme du succès de Perrette ressemble étrangement à ceux qu’illustrent le rapport final de la Commision d’Enquête sur le Crime Organisé à Montréal (Stanké, 1976)…

La Presse, 27 mai 1975, BAnQ

Déclinant progressivement à partir des années 80, Perrette fermera toutes ses succursales en 1994, après en avoir vendu quelques unes à ses compétiteurs, soit Couche-Tard et Sept-Jours.

Vous ne serez pas surpris si je vous dit que les hold up étaient monnaie courante chez Perrette. En fait, c’était même un fléau. Certains bandits se méritaient même le titre de «gunmen des Perrette». Il me faudra même diviser ces faits divers en catégories.

La Presse, 2 février 1970, BAnQ

Vols manqués / fins limiers

  • Un soir de mars 1972, une bande de voleurs terrorise les Perrette du sud-ouest de Montréal. Le hic c’est que la trajectoire des gars est si linéaire et prévisible que la police va « better » que le prochain Perrette devrait être celui de Lachine. Ce fut en effet le cas.
  • En octobre 1976, trois jeunes gens commettent un vol à main armée chez Perrette de la ville de Sherbrooke, sur la rue King. Tout allait bon train, jusqu’à ce que la police les arrête pour un clignotant faisant défaut. C’est en discutant avec les jeunes, lampe de poche à la main, que le policier aperçoit trois cagoules, deux armes à feu et un couteau sur la banquette arrière.
  • En mars 1987, à Beloeil, une bande de jeunes cambriolent une succursale de la S.A.Q. Ils se font prendre au Perrette de la même ville alors qu’ils achetaient du jus pour mélanger avec le «fort»…
  • En septembre 1993, à Granby, un homme commet deux hold up dans la même semaine au même Perrette! Pris de remords ou de stress, il appelle lui-même la police quelques jours plus tard pour se livrer. Il n’y a pas de fin limier dans cette histoire mais pour être autant « sur le nerf », j’ose imaginer que ce corps de police devait bien faire sa job.

Drôles d’armes

Il ne faut pas sous-estimer l’incroyable kyrielle de types d’armes (ou de désespoir) que peuvent se prémunir les bandits pour parvenir à leurs fins.

  • En 1990, sur le boulevard Joseph-Renaud à Anjou, un homme commet un hold up avec un bâton de baseball… miniature.
  • En 1992, à Lennoxville, un voleur menace un employé du Perrette avec.. un pic à glace.
  • En 1992 encore, cette fois à Sherbrooke, on recherche un bandit ayant commis son forfait à l’aide d’un couteau… à pain.
  • Le plus effroyable s’est produit en 1979, à Greenfield Park alors que des bandits attaquent le commis d’un Perrette à coups de… hache! L’homme reçoit 4 coups dont 3 à la tête. Ils seront arrêtés puisqu’un des assaillant va se livrer au reporter Claude Poirier. Il y aura, bien sûr, des accusations de tentative de meurtre.

Déguisements

  • Il n’est pas rare de voir une recrudescence de vols à main armée lors de l’halloween. Toutefois, les voleurs doivent s’attendre à ce que les commis ne prennent pas toujours la chose au sérieux. C’est ce qui est arrivé au Perrette de Saint-Sauveur en 1975. Les quatres bandits ont du enlever leurs masques pour bien faire comprendre à la caissière que ce n’était pas une blague.
  • En 1986, à Ascot, on cherchait les voleurs «halloweeneux».
La Tribune, 4 novembre 1986, BAnQ

La même année, au même Perrette: une adolescente avait emprunté la voiture d’un ami. Cependant, elle n’avait pas de permis de conduire. Lors d’une manoeuvre mystérieuse, elle à foncé tout droit dans le dépanneur. À un point tel que les murs, la vitrine et même une partie de la marchandise avaient été bousillé. J’affectionne un passage de La Tribune du 7 août 1986, qui va comme suit: «Sous l’effet de la distraction, de l’énervement, d’un manque d’attention ou de pratique ou pour toute raison du genre, (…)» Une laborieuse analyse pour décrire quelqu’un qui ne sait pas du tout conduire.

The Gazette, 27 avril 1976, newspapers.com

Crimes graves

On rit bien mais on ne peut pas passer à côté des crimes qui font frémir, même chez Perrette. Après l’attaque à la hache, je découvre qu’un enlèvement eut lieu à la succursale d’Ascot (encore) en novembre 1978. L’employé du dépanneur appelait les policiers en panique alors qu’un jeune homme avait été vu en train de se faire embarquer de force dans le coffre d’une voiture. Un an après l’affaire Marion, la chose allait être prise très au sérieux. Travaillant toute la nuit sur cette affaire, les policiers se perdaient malheureusement en conjectures. Toutefois, le lendemain matin, la victime elle-même appelait les autorités. Ce dernier avait en effet été emmené de force par 8 connaissances et avait été malmené. Il portait plainte pour voie de fait.

En décembre 1985, dans le coin de Gatineau, un homme abat Mario Tessier, un agent de la GRC. Il s’empare de son véhicule et part en cavale durant laquelle il commet un hold up dans un Perrette. Par la suite, la camionnette s’embourbe dans la neige et il se retrouve sur le «pouce» avant d’être arrêté. En avril 1986, il se reconnaitra coupable de meurtre au second degré et écopera de la prison à perptuité.

La Presse, 8 janvier 1986, BAnQ

Le héro du Perrette

Et pour terminer, quoi de mieux qu’un geste héroïque! En 1985, cet employé du Perrette de Granby n’a pas voulu se laisser intimider par un voleur armé d’un couteau. Il allait lui-même faire un ricochet de cette intimidaion avec une barre de fer. Cela a si bien fonctionné que le voleur aurait même pris la peine de raconter une «histoire pathétique» pour soutirer une compassion à celui qui le tenait maintenant en respect.

La Voix de l’Est, 10 décembre 1985, BAnQ

Prochain commerce déchu: Woolworth’s

______________________________________________________________________

Photo en couverture: Capture d’image vidéo, archives de Radio Canada https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1713245/depanneurs-commerces-quartier-consommation-archives

5 réflexions au sujet de “Ça s’est passé chez Perrette”

  1. Oubliez !
    Le « Monstre de Rosemont » , Lucien Beaudry, l’assassin pédophilie qui a tué le petit Jean-Claude Paré, le Lundi de la Fête du Travail de Septembre 1973 , boulevard Rosemont, avant le crime pour appâter les 2 enfants , ils leur a envoyé faire une commission chez Perrette dans le coin pour des liqueurs douces .

    J’aime

  2. Moi je le connaissais très bien setais mon ami ses parent à Jean claude étais sourd muet et étais l’ami de ma grande soeur qui est sourde muet aussi deux joures avant le drame j’étais cher mon ami Jean claude cher lui j’y pensse toujours salut mon chum

    J’aime

      1. Bonjour,

        En lisant l’hebdo à sensations Hebdo-Police fin des années 80 lors de leurs pages sur les meurtres du passé, la foule du voisinage aurait pris à partie lynché Lucien Beaudry sur le boulevard Rosemont. De mémoire leur archive provenait du Journal de Montréal :-/ . C’est le crime le plus abject des années 70 hormis celui de Pimparé & Guérin pont-Jacques-Cartier de 79. Le plus scabreux de l’histoire c’est que Beaudry a amené Louis voir le cadavre du petit Paré dans le hangar attenant au logement. Beaudry s’est servi des petits gars comme un chat d’une vulgaire souris . _

        J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s