Ce printemps, un partage Facebook a attiré notre attention. Il s’agissait d’un cas que je n’avais jamais vu circuler, soit celui du décès tragique d’Éric Vallée le 31 août 1990, à Drummondville. Il figure parmi les cas non-résolus de la Sûreté du Québec et c’est la soeur d’Éric qui sollicitait le partage dans l’espoir que cela puisse apporter du nouveau dans l’enquête. Lorsqu’il a été retrouvé sans vie, son frère allait avoir 19 ans.
Nous avons fait une revue de presse et j’ai commandé le rapport du coroner. Déjà, les articles nous donnaient des indices quant à la chronologie des événements mais ce sont les informations du coroner qui allaient faire le plus de lumière sur ce meurtre impuni. On note qu’Éric n’était pas connu des policiers, bien qu’il vivait des soucis d’adaptation suite au décès tragique de son père alors qu’il était adolescent, quelques années plus tôt. Il pouvait éprouver des problèmes d’ordre financier et/ou de consommation mais selon le rapport, sa situation ne laissait aucunement présager un tel geste à son égard.
Sans s’attarder longuement sur les allées et venues d’Éric avec des proches le 30 aôut dans la journée, c’est avec un peu de surprise que l’on découvre que le dernier bar où Éric a été vu par une serveuse est le Motel Drummond et non pas le bar Bu-Ro. Or, selon mes recherches, cet établissement se trouvait plutôt à Sorel. Toutefois, on me dit qu’il y aurait déjà eu un bar Bu-Ro sur le boulevard Mercure à Drummondville mais il ne figure pas dans les archives de journaux ni en entreprise au registraire. De plus, cette information me surprend puisque le dossier du coroner était à jour et avait été signé le 26 décembre 1990. Il me semble que si revirement il y avait eu quant au dernier bar où Éric aurait été vu, la correction aurait été apportée. Il est aussi possible qu’il y ait eu une erreur…
Il quitta donc le bar du Môtel à 2h00 du matin.
Le lendemain, vers 12h00, un pêcheur résidant le secteur remarque le corps d’un jeune homme près du vieux pont. À 14h00, il repasse non loin de là et il constate que le corps d’Éric Vallée est toujours étendu par terre. Il remarque un individu dans la ciquantaine, avec t-shirt blanc et lunettes fumées dans une voiture tout près d’Éric. Des enfants en bas âge circulent aussi non loin de là. Le témoin alerte la police et lorsqu’il revient, accompagnés de ceux-ci, l’individu et sa voiture ont disparu. Plus curieux encore: ce même témoin retourne le lendemain sur les lieux pour montrer le dit endroit à sa compagne et à sa grande surprise, le même individu est encore sur place, cette fois avec deux autres hommes. Selon l’autopsie, le décès d’Éric remontait à 3h00 du matin ce qui rend pourtant improbable les chances que des suspects reviennent plusieurs fois sur les lieux du crime.

Éric avait reçu une balle à proximité de tir, soit à 1 cm. Elle est entrée dans sa tempe droite et en est ressorti au niveau temporal gauche. Un article de la Tribune du 1er septembre indique que le jeune homme avait le visage tuméfié et ensanglanté. L’arme n’a pas été retrouvée mais la balle était de calibre 22. De plus, une balle vive et une douille sont retrouvés à ses côtés sur le sol. Il est difficile de ne pas imaginer qu’il y a eu manipulation d’arme sur les lieux. Le rapport indique qu’Éric possédait des armes de chasses de son père qu’il avait eu en héritage.
Sur les lieux, la police municipale a pris des photos et des empreintes digitales d’Éric. Toutefois, l’encre ayant servi à ces empreintes ont annulé la possibilité de bien vérifier la présence de poudre de fumée afin de s’assurer qu’il n’y pas eu de suicide. Et pourquoi prendre les empreintes immédiatement? Pour l’identifier? Pour corroborer avec celles sur sa voiture encore sur place afin de relever celles qui ne seraient pas les siennes? On ne le sait pas.
Une chose est certaine, le suicide était peu probable pour deux points très flagrants: l’absence de l’arme et le fait qu’Éric soit gaucher. Le projectile est entré par la droite.
À partir du 5 septembre 1990, c’est l’escouade des crimes majeurs de la Sûreté du Québec qui prenait l’affaire en charge. La police de Drummondville semblait vivre une sombre période. En 1991, l’enquêteur principal dans l’affaire d’Éric (avant qu’elle ne soit reprise par la SQ) se faisait congédier pour avoir, entre autres, menacé de mort son supérieur immédiat. Une bataille judiciaire allait finalement se terminer par un acquittement et exonération complète de l’enquêteur en octobre 1994. En 1991, un autre policier de Drummundville était accusé de voies de faits. Acquitté, il avait pu réintégrer la police en 1992.
Quoiqu’il en soit, le meurtre d’Éric est resté non-résolu jusqu’à ce jour. Cela fait maintenant 30 ans.
Si vous le pouvez, aidez sa famille.
https://www.dossiersnonresolus.com/fr/crimes-non-resolus/eric_vallee.html
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Recherches par Annie et Jean-Philippe Rousseau
Dossier du coroner : Coroner Québec
Discothèque O-Bu-Ro, à Sorel
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Oui. Mais il parait qu’il y en avait une à Drummondville. Toutefois, je ne l’ai jamais trouvé en registraire ni en article de journal…
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