Un autre pan de l’histoire des faits divers dans le quartier Tétreaultville.
Je me suis laissée tenter par le rutilant coin Des Ormeaux et Hochelaga. Je savais qu’il y avait certes des petits bijoux à découvrir.
Épicerie

La plupart de mes faits divers se concentrent aux mêmes adresses et je vais commencer par le 2325 Des Ormeaux où abritait pendant de nombreuse années l’épicerie Varin. Ce pauvre épicier a dû composer avec le cambriolage à maintes reprises. Mais le métier de gunmen était si contingenté à cette époque que Marcel Varin comme bien d’autres, s’était forcément trouvé des stratégies. C’est ainsi qu’en 1958, deux bandits ont du rebrousser chemin car notre épicier a su reconnaitre que le revolver était en fait un jouet. Force est de constater qu’il fallait que l’histoire se répète un peu trop souvent pour en arriver là… Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, cette méthode était fort utilisée puisque les revolvers pour enfants ressemblaient beaucoup plus à de vraies armes qu’aujourd’hui. Ça n’a toutefois pas empêché le commerce d’être victime de plusieurs autres gros cambriolages dans les années 60. En 1968, c’est un employé de M. Varin qui sera blessé à la tête en tentant d’empêcher des voleurs de s’emparer du contenu de la caisse alors que ces derniers étaient, cette fois, armés comme il se doit. J’aimerais apporter une mention spéciale au vocabulaire de cette époque qui ne cesse de me surprendre. Au sujet de cette affaire, l’article nous indiquait que les policiers étaient toujours à la recherche des deux fripouilles.
FRIPOUILLES!
Gros magot

Qui se souvient de la fameuse Quincaillerie J.E Tremblay? Ce bâtiment récemment mis à terre était abandonné depuis plusieurs années. Il s’y est bien sûr produit plusieurs hold up au fil du temps mais celui ayant capté mon intérêt va comme suit: le propriétaire avait fait état d’un vol faramineux de 2 000$ en argent comptant et de 1 000$ en obligations de la victoire. Oui, car c’était en période de guerre, soit en 1944. Êtes-vous comme moi, en train de vous demander comment obtenir une conférence sur les stratégies de ventes de M. Tremblay? Parce que 3 000$ en 1944, c’est l’équivalent de 45 000$ aujourd’hui. Je veux bien croire que les Tétreaultvillois étaient peut-être encore craintif de laisser leur fortune à la Banque d’Hochelaga, ça fait beaucoup de sous d’empilés dans une quincaillerie!
Histoires de taverne
La palme d’or du plus grand éventail d’altercations se situe au 2269 Des Ormeaux, là où se trouve la taverne depuis déjà plusieurs décennies. Avant la taverne, il y a eu la quincaillerie Lamarche & Frères. En 1937, une terrible explosion d’un baril de goudron avait eu lieu dans le hangar adjacent, brûlant grièvement un employé. Le pauvre homme, malgré ses importantes brulûres, avait réussi à se rendre par lui-même chez le docteur du quartier de l’époque; Dr Verschelden. L’événement tragique nous permet toutefois de voir une photo de l’arrière de l’établissement, nous montrant par le fait même que cette bâtisse construite en 1910 n’a pas beaucoup changé.
Même quincallerie, un an plus tard, soit en 1938, j’ai trouvé le vol le moins fructueux survenu à cette adresse. Roland Ménard, 16 ans, était traduit en justice pour un vol de 64 cents (équivalent de 11,00$ aujourd’hui). Ménard a dû passer 3 jours au poste de police et le juge l’avait sermonné en indiquant qu’il commencait très jeune sa carrière de criminel. Selon mes recherches, il avait eu sa leçon parce que je ne retrace aucune suite dans cette imminente et troublante carrière de gangster…
On arrive maintenant à la taverne. Après une décennie 60 marquée de quelques vols, dont les outils de 13 ouvriers en 1963 et 1000$ de cigarettes en 1969 (eh bin!), on retrouve une affaire de faux billets en 1974 à Trois-Rivières, aux courses de chevaux. L’alibi de l’accusé était qu’il se trouvait alors bien loin de là, soit à la taverne Des Ormeaux dans l’est de Montréal. Le hic est que c’était un dimanche et que la taverne était fermée. Un manque de fignolage qui lui aura coûté un petit retour derrière les barreaux.
Plus sérieusement cette fois, le bar connaîtra aussi quelques événements reliés au monde des motards lors de la tristement célèbre décennie 90. En 1995, un individu connu des policiers sera arrêté dans l’établissement alors qu’il portait sur lui un sac contenant des fils et un détonateur.
En 1997, trois bars de Tétreaultville, soit le Rancho, le Polo et le Des Ormeaux feront l’objet de six perquisitions et de quinze arrestations, encore reliés aux motards.
Récidive

Un article a attiré mon attention au sujet du 2317 Des Ormeaux. C’était là où résidait un certain André Rhéaume, accusé de vol en 1949. L’article du Canada relatait que c’était les larmes et les supplications de la mère d’André qui avaient atténué le verdict. Devant l’éventualité que Rhéaume recommence, la mère avait répondu: « je vous le ramenerai moi-même!».
J’ai cherché, bien entendu, à prendre des nouvelles d’André. Il refait surface dans Le Devoir en 1952 pour avoir troublé la Paix lors d’une grève des employés de Dupuis Frères où des manifestants avaient même usé de pétards et de dispersion de souris blanches pour démontrer leur colère.
Mondanité
En 1954, le 2291 était un point de départ pour un autobus emmenant des enfants visiter la crèche de l’hôtel de Ville, sous l’invitation du maire Jean Drapeau. Les «pronostics» avancaient que le maire attendait 5 fois plus d’enfants que prévu. Un méchant party! Admettons que ce n’était pas le temps de promettre des cocos de Pâques…

Je vous laisse avec une annonce du magazine Québec Rock. J’espère qu’il reste un 33 tours de Boston…

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Épicerie Varin:
La Presse, 10 mai 1963 et 9 juillet 1968, BAnQ
Faux billets:
Le Nouvelliste, 16 novembre 1974, BAnQ
Motards:
La Presse, 18 octobre 1995 et 20 juin 1997, BAnQ
Événements trouvés aussi grâce aux numéros de téléphones, noms et adresse civiques du Lovell’s, BAnQ