Construit en 1914, ce bâtiment abrite encore la caserne de pompier numéro 40 mais a aussi été le poste de police numéro 28, du quartier Tétreaultville. La rue Pierre-de-Coubertin s’appelait alors Boyce et Pierre-Tétreault était Azilda.
Voici quelques faits divers qui y sont rattachés, à commencer par le poste de police.
Triste sort d’un constable


En 1927 avait lieu une terrible tragédie, soit l’incendie du Laurier Palace qui avait fait 78 victimes, majoritairement des enfants. Parmi ceux-ci se trouvaient les trois enfants du constable Albert Boisseau, du poste de police de Tétreaultville. Ce jour-là, Albert avait reconduit ses enfants à la patinoire mais ceux-ci avaient désobéi en allant au cinéma avec quelques sous en poche. Le constable avait, comme bien d’autres, intenté une onéreuse poursuite contre le propriétaire, qui semble-t-il, oeuvrait sous un prête-nom. Une Commission d’enquête avait aussi eu lieu pour éclaircir les circonstances. Cette tragédie avait fait naître une vague de grands titres qui diabolisaient le cinéma, parfois même en qualifiant l’endroit de « meurtrier » auquel il était insensé de laisser nos enfants y entrer.
Un héro de Tétreaultville
Le 19 octobre 1953 à Tétreaultville était battu à mort Robert Taylor, chauffeur de taxi. Le jeune Royal Brochu, 16 ans, du 5219 Paul-Pau voit la scène de loin. Il suivra les 3 assaillants en vélo jusqu’à ce qu’il arrive près du poste de quartier où il se dépêchera d’alerter les policiers. Grâce à son geste, justice a pu être rendue à M. Taylor. Il ne sera pas le seul à faire preuve de bravoure puisque voisins et collègues amasseront de l’argent pour venir en aide aux 10 orphelins de la victime. Tristement, ces enfants avaient perdu leur mère juste un an auparavant…
Royal Brochu sera décoré et récompensé pour son geste, entre autre en devenant le premier policier-honoraire, titre que pouvaient se mériter ces héros urbains qui aidaient à la capture de bandits. Les braves qui en seront décorés pourront patrouiller avec les policiers, en plus de reçevoir un montant d’argent. À cette époque de hold up, on encourageait les citoyens à intervenir auprès des voyous. Le journal racontera que Royal avait explosé de joie quand sa mère lui avait annoncé sa récompense. Il avait dit «je vais pouvoir m’habiller de la tête aux pieds!!»
Mes recherches en généalogie m’indiquent que le beau Royal va se marier en 1957 et s’exiler sur la Rive-Sud, ou il optera plutôt pour une carrière de journalier.

Police de la moralité
Le poste 28 a déjà eu ses « vedettes » de la moralité! Le duo Roma Gervais et Napoléon Laporte (voir Le Policier Polisson) mis à l’amendement lors de la Commission Caron en 1954 ont déjà été capitaines du poste. Et un autre bien important, soit Armand Courval. Ce célèbre policier ayant été le bras-droit de Pax Plante lors du grand nettoyage de la pègre à Montréal, subira les affres du journal Nouvelles et Potins, l’accusant entre autre de séduire des mineures et d’inciter ses « hommes » à commetre des viols sur des prostituées. Acquitté, il sera ensuite accusé de parjure, ce à quoi il sera condamné. Ce n’est que des années plus tard qu’on apprendra, lors d’une Commission d’enquête sur le crime organisée, que cette affaire aurait été au coup monté pour nuire à Courval. (chronique de Daniel Proulx, La Presse)

Quant au passé de la caserne de pompiers, on retrouve principalement des nouvelles qui font sourire à l’exception d’une plus sombre, soit ce pompier qu’on a retrouvé dans le fleuve, à la hauteur de la rue Honoré-Beaugrand en 1968. Jean-Pierre Falcon, 29 ans, souffrait de dépression nerveuse et s’était enfuit de l’hôpital Maisonneuve alors qu’il était en traitement. Ce n’est que quelques semaines plus tard qu’on le retrouva malheuresement sans vie.
Premier baptême de caserne et chiâlage sur son éloignement!
Tout est dit.

Le feu le moins loin
Dans la catégorie de la plus courte distance que les pompiers de Tétreaultvile ont eu à parcourir, le poste de police abrité dans la même bâtisse remporte le record.

Sauvetage insolite
Le plus marginal des sauvetages que j’ai trouvé est certes celui où on a sauvé 2000 poules. C’était dans une maison de retraite qui était à l’époque sur la rue Notre-Dame, près de Liébert.
Une vedette à la caserne
Et pour finir, dans la catégorie mondaine, un pompier chanteur! Jean-Paul Tucker était surnommé le « Charles Trenet canadien ».

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Références :
Royal Brochu: Le Canada, 31 octobre 1953; L’Action catholique, 21 octobre 1953, L’Action populaire, 5 novembre 1953)
Laurier Palace: Le Devoir, 30 mai 1927, BAnQ
L’affaire Courval: La Presse, Proulx Daniel, 8 mai 1994, BAnQ
Généalogie: http://www.genealogiequebec.com