Cette histoire est pourtant connue car le coupable dans cette affaire est le dernier québécois de souche à être conduit à la potence de Bordeaux. De plus, elle a été racontée dans La Presse en 1992 et dans le livre Les bas-fonds de Montréal par l’excellent journaliste et auteur, Daniel Proulx. Toutefois, cette affaire m’a interpellée pour une autre raison. Je tiens à préciser que je me base ici en majorité sur des articles de journaux mais je compte en apprendre davantage aux archives cet été.

Laurette Perreault, née Guitard, était une mère de famille qui vivait seule sur la rue Drolet avec ses deux cadets puisque veuve depuis quelques années. En janvier 1958, son fils disparu suite à une offre d’emploi d’un Monsieur Dennis auquelle il avait répondu. Il s’agissait malheureusement d’un leurre pour un voleur de voitures. Uniquement pour sa Pontiac 1957, Hector Legault alias Poirier avait tué Jean-Claude Perreault, 21 ans, qui ne sera retrouvé que le 31 mars 1958 à Montebello.
Mme Perreault savait que son fils n’avait pas simplement déserté mais vu son âge, la police ne s’était pas interessée longtemps à sa disparition. Qu’à cela ne tienne, Laurette allait ni plus ni moins faire l’enquête à leur place.
Gardez bien en tête que nous sommes en 1958, que cette femme, déjà dans la cinquantaine, est veuve et mère d’une famille nombreuse.
Elle s’était d’abord présentée en personne à La Presse pour savoir qui était l’auteur de l’annonce classée, information devant laquelle elle s’était butée à un refus vu la confidentialité. Sachant où son fils avait été rencontrer le présumé employeur, soit à Ville Jacques-Cartier sur la rive-sud (maintenant Longueuil), elle et la jeune fiancée de son fils étaient parti à la recherche du véhicule de Jean-Claude. Elles avaient repéré la voiture pour ensuite aller discuter directement avec le conducteur, Legault lui-même, alors qu’il conduisait son véhicule. Se défendant en disant avoir simplement acheté l’auto à un vendeur fictif au nom de M. Dennis, il montra le faux contrat de vente et continua sa route. Suite à cela, elle s’est rendu à Granby afin de rencontrer elle-même les 9 Dennis qu’elle avait trouvé au bottin téléphonique. Aucun ne semblait posséder les critères descriptifs que Legault lui avait donné. Infatigable, la mère est retournée au domicile de Legault afin de le suivre à nouveau. Cette mère avait suivi l’homme durant 3 heures de temps, et ce en taxi. Se sentant probablement suivi, Legault semblait virailler sans but précis. Un moment donné, il s’était arrêté à Ville-Émard. Elle était allée à sa rencontre et lui avait demandé à brûle-pourpoint où était son fils. Il avait alors répondu qu’il ne se sauvait pas et lui avait montré son nouveau bail, révélant sa future adresse à l’Assomption.

Elle avait rapporté le tout aux policiers mais aucun développement n’avait eu lieu. Quand le corps de Jean-Claude fût retrouvé, des gens ont rapporté avoir justement vu, quelques semaines auparavant, un homme dont la voiture était si maculé de sang qu’une de ces personnes avait noté le numéro de la plaque d’immatriculation. Tout corroborait, on parlait bien de l’homme ciblé par Laurette, soit Hector Legault. Ce dernier avoua son crime. Il avait même fait laver le sang sur la voiture par le fils de 14 ans de sa nouvelle concubine.
Il avait été jugé coupable et fut pendu en 1959. Le juge avait félicité la perspicacité de la mère et avait dit lors du prononcé de la sentence que l’on pouvait remercier cette mère aimante d’avoir mis ce meurtrier à l’écart de la société. Éplorée, Laurette avait dit ne pas en vouloir aux policiers mais qu’elle n’avait pas eu le choix de les substituer.
C’était une véritable enquête de terrain, avec recherches, indice par indice, filature et surveillance.
Feu Laurette Perreault, vous avez l’entièreté de mon admiration.
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